Dominique Tiberi

ALTER EGO

Après que le monde fut, à partir du feu et de la glace…
Après qu’Odin et ses deux frères Vili et Vé eurent tué le géant Ymir… Après qu’ils eurent créé, avec les restes du géant, un nouveau monde à leur façon… Se promenant le long du rivage, les trois frères rencontrèrent deux arbres  : Ask (un frêne) et Embla (un aulne). Ils transformèrent Ask en homme et Embla en femme.

Odin leur donna le souffle

Vili leur donna la conscience et le mouvement

Vé leur donna l’apparence, le langage et les sens.

Ce projet photographique, au-delà de sa dimension esthétique, interroge le rapport particulier que l’homme

entretient avec l’Arbre dans sa dimension symbolique, la survivance de l’un étant liée à celle de l’autre, d’un autre soi-même. Pour étayer son propos l’auteur utilise des moyens photographiques spécifiques  :

  • prises de vue argentiques à la chambre 4×5 et à l’Hasselblad
  • tirages argentiques selon des procédés alternatifs (chimie Lith, argyrotypie, platine)
  • tirages platine sur papier japonais artisanal marouflé sur feuille d’or 24 carats

Petit fils d’immigré italien, Dominique Tiberi est né en 1960 au cœur d’une cité ouvrière d’un bassin sidérurgique. Lorrain au cœur d’acier, il garde en lui les traces des luttes sociales qui émailleront sa jeunesse.
C’est d’ailleurs à cette période qu’il commence à polir son regard à travers son premier appareil réflex en photographiant les mouvements ouvriers, appareil photo qu’il planque également dans sa musette en allant « bosser » à l’usine.

Bénéficiant de l’ascenseur social, ses pas le conduiront jusqu’à Nancy où il vit et travaille actuellement, conjuguant son métier d’enseignant à son activité photographique. Il fut pendant dix ans photographe conseil auprès de la Biennale Internationale de l’Image de Nancy et intervint aussi occasionnellement sur les questions de formation à l’image auprès du Centre Image Lorraine.

« Loin du bruit de la Cité, de son tumulte, de son agitation incessante et de ses odeurs oppressantes, mes balades photographiques se déclinent en autant de contrepoints au vacarme de la vie quotidienne, de respirations, de temps suspendus, d’instants propices à la réflexion, d’attention au silence.
J’aime le noir, le blanc, le chromatisme des nuances de gris pour l’expression dramaturgique ou onirique qu’ils procurent. J’aime le format carré pour la rigueur de composition et d’équilibre qu’il suppose.
J’aime la force apaisante d’un horizon, l’appel spirituel d’une verticale. J’aime ces instants lumineux des heures
fragiles du jour, qu’ils soient fugaces et légers, denses et dramatiques, saturés ou éthérés.
J’aime enfin la solitude du labo, la chorégraphie des mains sous l’agrandisseur, la texture d’un papier
d’exception et surtout cet instant magique de l’image latente qui apparaît enfin sous les sels d’argent. »

/http://www.dominique-tiberi.com/