Anka Girls à l’Usine

Les Anka Girls, qui exposent du 8 au 30 juillet 2023 à l’Usine sont deux femmes, deux personnalités bien trempées qui créent des œuvres à quatre mains depuis 2011.  Deux regards qui se croisent un jour sur les bancs de la fac de Nanterre et qui se reconnaissent. A cette époque, la première, Karly réalisait des passations expérimentales dans le cadre de sa thèse sur les couleurs préférées. Quant à AnneV, la seconde, elle étudiait l’histoire et l’histoire de l’art. AnneV s’est très vite prise au jeu dans les recherches esthétiques de Karly en lui proposant un espace de peinture dans sa ferme en Champagne. Karly en profita pour s’initier au body painting. Elle sortait de l’atelier de plus en plus barbouillée de peinture jusqu’au jour où AnneV comprit qu’il fallait qu’elle mette les mains dans le cambouis. Une matière organique féminine semblait se profiler au-delà du corps…

« De fil en aiguille, ou plutôt d’escabeau en escabeau, nos gymnastiques artistiques nous ont conduites à jouer avec des méga sculptures en kit en écho aux constructions de lego, afin de traduire les représentations kaléidoscopiques de notre psyché. »

« Nous sommes un utérus commun amoureux du Street Art qui se métamorphose en sculpture 3D, en brandissant dans les hauteurs, ses velours velus de fourrure synthétique. Des utérus antéversés, rétroversés, en génuflexion que nous empilons et emboitons pour lutter contre la nature raréfiée des mentalités assises depuis des siècles. Des utérus suggérés, parfois moqueurs ou bavards qui se manifestent sous forme de bestiaires pour interpeller et dévisser des trônes, les culs des empêcheurs de vivre au nom d’une idéologie politico-religieuse bien-pensante. Des utérus en vue qui brisent le silence des femmes et qui désambiancent les théories fumeuses de la femme objet dénuée de toute pensée.« 

Après une formation expresse en ébénisterie, AnneV conçut une première œuvre murale en volume. D’autres essais ont suivi, puis se sont transformés au sol. Les deux artistes ont décidé de faire le mur en plantant un symbole féminin, l’utérus, représenté par la forme U. Le Gang des U mutants est la première expression de ce duo qui a su s’harmoniser avec le temps. Un peu comme les surréalistes, l’une commence, l’autre finit, à la différence qu’en amont, les deux artistes sont gestantes du projet créatif et les compétences sont devenues quasi transversales. Les Anka Girls façonnent désormais dans une pure liberté des matières avec des couleurs, inspirées par ce qu’elles appellent une réduction quasi totale voire symbolique de leurs entrailles et qui s’ancrent à la confluence de l’abstraction et de l’expressionisme.

https://www.ankagirls.com/